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Mémoire non publié

 

  • « Schizophrénie et créativité : Adolf Wolfli et le motif mandala dans ses productions picturales Â»  (Master psychologie, Université Catholique de Louvain 1995). Voir résumé ci-dessous.

 

Résumé du mémoire de recherche
« Schizophrénie et créativité : Adolf Wölfli et le motif mandala dans ses productions picturales. Analyse »

 

Ce mémoire de recherche tente de répondre à la question de savoir si la schizophrénie doit être vue totalement du côté déficitaire ou si l'on peut y trouver des traces de créativité et de reconstruction, ou au moins des tentatives de celles-ci, à côté des aspects pathologiques.

L’auteur prend comme point d’appui de sa recherche l’œuvre picturale du schizophrène devenu peintre (connu dans la « Collection d’art brut Â» de J. Dubuffet), le suisse A. Wölfli.

La production picturale de Wölfli comporte un nombre impressionnant d’œuvres dans lesquelles on trouve des motifs caractérisés par une organisation de la forme autour d'un centre selon un cercle et/ou un carré avec souvent une partition quaternaire, présentant ainsi une structure typique appelée « mandala Â». Ce type de structure, que l’on retrouve à profusion dans la culture orientale mais aussi dans les ouvrages d’art sacré en Occident (comme sur les vitraux des cathédrales), est sorti spontanément de l’activité créatrice de Wölfli, toute influence extérieure étant exclue par le parcours même de l’artiste, puisque il a été interné très tôt, et qu’il n’avait reçu aucune éducation scolaire ou culturelle (1er chapitre).

La présence de ce type de structure « mandala Â» pourrait révéler le fait qu’au sein même du processus pathologique mis en Å“uvre par la maladie il existerait un autre processus, plutôt orienté vers la créativité, et caractérisé par une tendance vers la (re)mise en ordre, que l’on pourrait regarder comme une tentative d’organisation ou de réorganisation de l’être, au cÅ“ur même du psychisme du sujet. Ce sont ces questions que ce mémoire de recherche, dans ses différentes parties, se propose d'explorer.

Le psychiatre qui a suivi A. Wölfli, le Dr Morgenthaler, atteste que ce genre de processus de remise en ordre a réellement opéré chez A. Wölfli, lui qui l'a suivi pendant une trentaine d’années, à partir de son internement en 1895. Le médecin remarque que les structures circulaires ou carrées, organisées autour d'un centre, avec parfois une partition quaternaire, augmentent avec les années dans les dessins de son patient, et que petit à petit, et contre toute attente - puisqu'à l'époque le diagnostic de démence précoce conduisait à un pronostic très négatif se manifestant par une détérioration lente mais irrémédiable des fonctions psychiques du sujet-, un nouvel ordre, une nouvelle organisation de la personnalité, accompagnés d’un apaisement psychique général, se font jour chez Wolfli. Ses crises de violence diminuent, son humeur s'améliore de manière notable, il devient plus sociable et capable de recevoir des visites.

Après avoir fait le point sur la notion traditionnelle de schizophrénie apportée à la psychiatrie par les travaux d’E. Bleuler et l’école du Burghölzli, et posé les bases de la définition de la schizophrénie, l’auteur présente dans le deuxième chapitre de son mémoire les conceptualisations psychanalytiques de S. Freud sur la psychose, et discute principalement sa conception du délire comme « tentative de guérison Â».

Plus loin, l’auteur expose les travaux de C. G. Jung, dans la continuité de ceux de S. Freud, le premier poursuivant la recherche des traces phylogénétiques et des « résidus archaïques Â», et après une discussion critique entre les conceptions des deux auteurs, il décrit les différents concepts jungiens en développant principalement la notion d’ Â« archétype Â». Les archétypes sont des structures « typiques Â» qui agissent dans le psychisme comme organisateurs de l’imaginaire et de la perception (2ème chapitre).

Dans un troisième chapitre, l’auteur présente et critique les travaux de C. G. Jung sur le « mandala Â». Le psychiatre suisse y reconnaît la présence d’une dimension archétypique, et qui, lorsqu'elle est animée dans le psychisme d'un sujet, peut s'exprimer, entre autres, par la présence de ce type d'image organisée selon le plan du « mandala Â» décrit plus haut. L’archétype qui est mis en jeu dans ce type de figure est plus particulièrement celui du Soi, qui est activé  chaque fois que le psychisme d’un individu est en proie à une épreuve qui dépasse ses capacités adaptatives habituelles, comme un stress existentiel aigu, une perte du sens de la vie, une maladie, etc. Cet archétype du Soi est alors « constellé Â» (c'est-à-dire activé) pour tenter de donner du sens à l’expérience en question et pour aider le sujet à trouver un nouvel équilibre, un nouveau mode d'organisation, une base plus large qui lui permettra d’intégrer les nouvelles expériences vécues ou traversées.

Après avoir montré et analysé précisément les différentes figures « mandaliques Â» présentes dans l’œuvre de Wölfli (4ème chapitre), l’auteur montre la large diffusion de ce type d'organisation en donnant des exemples de sa présence dans les Å“uvres d’autres artistes. Il pose ainsi la question du rôle joué par ce genre de structures dans les créations picturales pour leur auteur.

L’auteur conclut ce mémoire en montrant la nécessité pour le clinicien d’être attentif à la présence de processus créatifs à l'œuvre dans le psychisme, qui se manifestent entre autres par la présence de ces motifs récurrents typiques, et qui peuvent être considérés comme des tentatives de ré-organisation et de ré-équilibration de la personnalité dans son ensemble. Ces processus prennent place au cœur même de troubles tels que la schizophrénie, à côté des processus morbides, et révèlent une dimension nouvelle qui était peu prise en compte jusque-là par les cliniciens. Le mémoire demeure ouvert sur la question de la possible utilisation de ces processus au sein de la pratique clinique, notamment par le biais d’ateliers créatifs et artistiques[1]. Des recherches ultérieures devront être poursuivies pour développer ces points de vue[2].

 

 

 

[1] C’est ce que l’auteur fera en mettant en place des ateliers créatifs et artistiques thérapeutiques dans le Centre « La Devinière Â» où il travaillera de 1995 à 2000, centre qui accueille des personnes psychotiques et autistes.

 

[2] L’auteur poursuivra ces recherches dans le cadre de sa thèse de doctorat réalisée entre 2003 et 2009 à l’Université Catholique de Louvain en Belgique.

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